Bonjour à vous tous, les membres de l'association.
J'espère que vous passez une belle fête de Pâques. De notre côté, je tenais à donner quelques nouvelles car nous partons demain pour quelques jours en Lozère. Pardonnez-moi de ne pas être régulière à donner des nouvelles. J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Je pense que ceux qui sont en famille pour faire la fête ou qui me lisent en soirée feraient mieux de déconnecter toute de suite et de revenir en un temps plus adapté.
Delphine a bien passé ce trimestre, les résultats au CNED sont excellents. Le suivi au CMPP (3 séances par semaine) s'est poursuivi. Nous la sentons heureuse de participer aux différents groupes qu'elle rejoint, elle joue dans la cour avec les enfants des immeubles voisins. Sa prof de français au CS, (structure associative qui soutient les élèves décrocheurs du CM2 à la terminale), tout récemment, lui a dit "Delphine, tu as toute ta place au CS !
Nous avons validé la poursuite au CNED pour 2019-2020. Les démarches avec la MDPH pour prise en charge des frais de scolarité sont prêtes à valider. Le RV avec le médecin directeur du CMPP a eu lieu. Delphine a su expliquer son projet d'études. Lors de cet entretien, le médecin nous a dit qu'elle n'avait pas exprimé de conscience de ses difficultés.
Un RV au CIO pour son projet professionnel (s'occuper de tout-petits ou d'enfants jeunes) a été fixé.
Depuis, un drame s'est produit. Le lundi 8 avril au matin, alors qu'elle était seule à la maison, elle est décédée pendant son sommeil, paisiblement, les bras croisés sur sa peluche petit chien, les yeux et la bouche fermés et souples, les jambes et le dos bien droits, dans sa posture habituelle de sommeil. C'est moi qui l'ai découverte à 12 h 30, elle était déjà décédée depuis quelques demi-heures, d'après le médecin su SMUR.
Nous sommes tous traumatisés, l'onde de choc a rejoint la famille, les collègues, le quartier, son lieu de soutien scolaire, ses lieux de vie (bibliothèque, communauté paroissiale...). Le soutien est massif.
Nous avons essayé de prévenir tout le monde. La référente de scolarisation (personne à l'académie qui suit les élèves en situation de handicap) reste totalement muette, c'est extrêmement choquant pour moi. J'ai presque envie de lui écrire que dans ces cas-là, on répond "Sincères condoléances" Bon, ce sont les vacances, mais ce ne l'était pas quand j'ai annoncé...
L'autopsie a révélé les causes du décès. Je ne souhaite pas les mentionner car c'est lisible par tout le monde. Je pourrai le faire en message privé éventuellement.
Une enquête de police est diligentée, comme chaque fois qu'a lieu un décès inexpliqué.
Nous témoignons que l'équipe médicale du SMUR a été exemplaire (restés 1 h 15 avec ma fille et moi, alors que seul le certificat de décès pouvait relever de leur rôle, dans la situation ; ont fait venir la cellule d'aide psychologique , la police a fait son enquête ensuite, pris des clichés de tout l'appartement). Les 2 femmes policières ont été elles aussi dans le tact et la délicatesse, ont fait leur travail mais en tolérant l'expression de l'émotivité, les digressions (j'ai perdu ma mère il y a 23 ans dans des circonstances elles aussi traumatiques). Voilà, tout le monde a cherché à adoucir l'événement.
Le soutien du CMPP (très impacté par l'imprévu aussi qui devenait comme pour nous "impensable"), des cours de soutien (le directeur a été exemplaire dans son respect de la meilleure manière de faire pour l'annoncer aux autres élèves).
Je suis triste de vous annoncer une telle issue, à un moment où les choses semblaient médicalement et scolairement plus sereines. Nous avions juste noté une diminution notable et continue de son endurance à la marche, qu'on évoquait à chaque RV médical depuis cet été (perçu par ma soeur par ex qui la voit moins souvent que nous). Je n'avais pas noté d'évolution d'essoufflement, comme avant la chirurgie.
Je vais continuer à venir sur votre site, quand le sommeil sera revenu (les troubles du sommeil et de l'émotion sont massifs), pour aider si je peux, ceux qui restent.
Je tiens à préciser que le problème de Delphine est le sien, son cas médical est unique.
Delphine s'est sentie indésirable au collège et nous avons nous, en tant que parents, souffert beaucoup des attitudes réitérées qui ont flirté avec la maltraitance, y compris vis-à-vis de nous les parents. Nous pouvions entendre les difficultés. Toutefois, le rejet, l'incitation au départ, c'est efficace, on part sur la pointe des pieds... Cela n'a pas fait de bruit à l'académie, on n'a même pas revu de médecin scolaire depuis le CM2 (pas le temps à l'académie, moyens insuffisants).
Parfois, dans la vie, la solution la plus adaptée, c'est de se retirer d'un combat perdu d'avance.
Le dernier devoir de Delphine, le vendredi, était une étude d'un extrait du conte d'Andersen de la Petite fille aux allumettes. Elle s'était identifiée à cette petite fille et la réponse aux questions est émouvante. Cela reste un peu comme un "testament" de son vécu et de sa soif de communion, d'affection.
Delphine, toi qui nous faisais souvent des câlins forts et exigeants, c'est peut-être toi qui avais raison : dans la vie, seul l'AMOUR compte en fait.
Je vous souhaite à tous de recevoir les messages de vie et d'espoir de ce temps pascal. Certes la souffrance existe, la mort aussi, mais existe aussi les fleurs qui poussent, les gestes d'entraide, l'empathie, l'homme est un animal qui peut être altruiste. Soutenez vos enfants, félicitez-les.
C'est fragile, un élève, surtout à l'adolescence.
Je renforce mon sentiment que les paroles peuvent être le meilleur comme le pire. J'espère d'avoir seulement "raconté" notre vécu subjectif.
Je suis épuisée par le manque de sommeil et l'émotivité est là.
Merci à vous tous pour le soutien.
Vous pourrez clore cette histoire.
Delphine aimait dessiner des papillons, des arc-en-ciel
cet animal qui sort de sa coquille lui aurait plu aussi
Une chanson des Kids united la tendresse lui correspond bien
(album 4 - nvelle génération)
https://www.youtube.com/watch?v=9I7DVJmKIxIPrenez soin de vous et de ceux qui vous sont confiés. Le vie continue et va devant.
Raphaëlle, mère de Delphine.
"C'est sûr, on va y arriver !"