Bonsoir,
Ton histoire m'a émue. Elle montre combien le chemin est long à parcourir, gibosité ou pas.
Complexé, pas complexé, il n'est pas indispensable d'être atteint d'une scoliose pour se trouver des défauts; quant il s'agit de l'image de soit, il est bien difficile de donner des conseils car chaque histoire de vie est différente, personne n'a raison ou tord, chacun vit les choses à sa manière, comme il le peut...
Soyons modestes : nous faisons ce que nous pouvons.
J'ai lu avec intêret ton témoignage, Ronan, toutes ces années à vivre malgré cette image de toi désagréable, cette bosse certainement moins mal perçue par les autres que par toi même.
Je suis de la même espèce ; j'ai gâché une bonne partie de ma vie à cause de ma scoliose malgré mon aspect physique agréable, ma réussite dans les études, ma vie sociale active ...
J'ai été beaucoup plus jeune (j'ai actuellement 47 ans), voire très jolie, et je ne le savais pas, je ne percevais même pas les compliments ou les regards autour de moi tellement j'étais obnubilée par cette image désastreuse que j'avais de moi-même.
Cela accompagné d'un manque d'encouragement parental, voire d'une certaine maltraitance de la part de ma mère (car je n'étais pas conforme à l'image idéale qu'elle se faisait de son rejeton) et me voilà bien mal partie dans la vie !
Que de force de caractère il a fallut me forger pour résister au désir récurrent de me fiche en l'air, solution abandonnée définitivement quand après maintes réfléxions, je m'étais décidée à donner vie à un enfant ...
(...)
Que de force de caractère il faut tout au long du parcours pour ne pas craquer à cause des douleurs, pour affronter une énième opération demain ...
Je sais, je sens que cette opération ne résoudra pas tous mes problèmes, qu'une fois l'équilibre physique retrouvé, il me faudra encore travailler pour atteindre un autre équilibre ; une sérénité de vie, une manière plus légère d'envisager les choses, une approche d'ouverture et de confiance de toute expérience de vie, en toute rencontre ...
Cette recherche là est une autre recherche car cela fait longtemps que j'ai compris que je ne pouvais pas tout mettre sur le compte de mon dos (déjà assez chargé comme cela par l'histoire familiale, je pourrai y revenir) : à ce niveau là, je suis COMME LES AUTRES, les non scoliotiques, les déséquilibrés du bulbe, les écorchés, ceux qui au mitan de leur vie ne peuvent pas ne pas avoir vécu quelques petits épisodes traumatiques sans lesquels ils ne seraient pas des êtres humains, ceux qui traînent quelques casseroles, mes amis les cabossés !
J'en parle avec tendresse ; je les aime, tous humains, tous inconsolables et consolables, tous imparfaits.
Humainement avec toi, Ronan.
Je disparais du site pour cause d'opération, mon châssis ayant à nouveau besoin d'une réelle retouche, mais je reviendrai.
Rosamaria